vendredi 11 septembre 2009

Discours de Monsieur Isidore Kashiba à México/ Nations Unies

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THEME DE LA CONFERENCE :
POUR LA PAIX ET LE DEVEVELOPPEMENT = DESARMER MAINTENNANT.

DISCOURS DE MONSIEUR Isidore Kashiba À LA 62ÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES À MEXICO City (Mexique) Le 09 SEPTEMBRE 2009.



Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Avant toute chose, je vous prierai de vous lever et d’observer une minute de silence en mémoires des filles et des femmes du monde entier et, à travers elles, celles de la République démocratique du Congo, qui sont violées, traumatisées et parfois enterrées vivantes… Merci, assoyez-vous.


Monsieur le Secrétaire général de l’ONU,
Monsieur le représentant de l’Action de paix internationale,
Madame la Chef de Division du département d’information publique de l’ONU,
Mesdames, messieurs, les délégués (es) des différentes organisations non gouvernementales,
Excellents Chefs des corps diplomatiques, représentants des chefs des États et des gouvernements,
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Distingués (es) invités (es).

Nous venons de différents horizons pour non seulement discuter de l’absence de la Paix dans le monde, aussi et surtout pour trouver les voies et moyens pour une paix véritable et durable dans un environnement sain et sans armes. Comme leurs consœurs des autres pays, les filles et les femmes de la République démocratique du Congo aspirent à cette paix et la croit encore possible. Leurs yeux sont fixés sur nous et leurs oreilles guettent avec espoir le moindre bruit provenant des présentes assises.

Je vous prie d’accepter, par ma modeste voix, les chaleureuses salutations des filles et des femmes de la République démocratique du Congo. Elles espèrent que les résolutions qui sortiront de cette conférence, ne seront pas seulement de vœux pieux.

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Voici plus de douze (12) ans que je me consacre au service des filles et des femmes violées. J’ai fais de cette cause, ma lutte personnelle et le leitmotiv de ma persévérance. Mon engagement pour le bien-être des filles et femmes victimes de différents abus, est tel que les 24 heures par jour ne suffisent pas pour travailler. Voilà pourquoi, j’y travail 25 sur 24 heures.

Je vous remercie de m’avoir donné cette opportunité pour vous faire part des pleurs et des souffrances des filles et femmes de l’Est de la République Démocratique du Congo.


Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU,
Monsieur le représentant de l’Action de paix internationale,
Madame la Chef de Division du département d’information publique de l’ONU,
Messieurs, mesdames les délégués (es) des différentes organisations non gouvernementales,
Excellences Chefs des corps diplomatiques, représentants des chefs des États et des gouvernements,
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Distingués (es) invités (es).


Avant de soigner un patient, tout bon médecin cherche d’abord à savoir de quoi souffre le malade. Une fois le diagnostique posé, il prescrira alors le traitement approprié pour éliminer la cause de la maladie.
Il en va de même des guerres et de la prolifération d’armes dans le monde. Pour instaurer une paix véritable et durable dans le monde, il ne suffit pas seulement de condamner une guerre et de proclamer la paix, il faut combattre et éliminer les causes profondes de ces guerres.

Depuis l’aube de son indépendance, la République démocratique du Congo est meurtrie par des guerres initiées et menées par des puissances occidentales. Mon pays se présente aujourd’hui comme un grand malade en proie à d’atroces douleurs, et au chevet duquel la Communauté dite internationale administre, de temps à autre, des analgésiques, sans pour autant se préoccuper de mettre définitivement fin aux causes qui génèrent lesdites douleurs. Il n’est secret pour personne que durant ces douze dernières années, la RDC est victime des guerres d’agression menées par des grandes puissances occidentales, sous couvert du Rwanda. Et nul n’ignore que c’est encore et toujours les femmes et les enfants qui en paient le prix fort : viols avec violence, mutilations d’appareils génitaux, grossesses non désirées, maladies sexuellement transmissibles, accouchements dans des conditions pénibles et sans hygiène, veuvage, séparations familiales, esclaves sexuelles. Lorsqu’elles ne sont pas prisonnières, elles sont réfugiées dans leur propres pays. Quant aux enfants, ils sont enrôlés de force dans l’armée d’occupation ou dans les milices et sont employés, sans rémunération, dans les mines d’or, de cassitérite, de columbo-tantalite (coltan), de diamant, et autres minerais précieux. À ce jour, l’Est de la que la République démocratique du Congo se vide de sa population.


Il serait aberrant de la part de cet auguste assemblée de parler de la paix, du développement et du désarmement sans pour autant chercher à savoir pourquoi la guerre sévit cette partie de la planète.

Mesdames, messieurs,
Souffrez que je dise haut, ce que beaucoup, ici, pensent bas : depuis Léopold II, roi des belges, les congolaises et les congolais sont victimes des convoitises à cause d’énormes richesses que regorgent le sous-sol et le sol de leur cher pays. Pour s’approprier de ces richesses à moindre frais ou même gratuitement, le Vautours des compagnies minières et autres des pays occidentaux n’ont pas hésité à déstabiliser la jeune République juste onze (11) jours après son indépendance, en faisant faire la sécession de la province du Katanga, suivie par celle du Kasaï, en provoquant la mutinerie de l’armée, en assassinant le Premier ministre Patrice Emery Lumumba, en provoquant des troubles et des guerres civiles dans tout le pays, en mettant au pouvoir, par un coup d’État ou par une mascarade d’élections, un pion docile pour servir leurs intérêts au détriment du peuple, etc.… C’est ça la stricte vérité. Même l’invasion du Congo par le Rwanda, l’Uganda et le Burundi en vue de le balkaniser, ne vise que ses ressources minières et végétales, et son territoire.

À en croire les statistiques et le rapport de l’International Rescue Committee (IRC), plus de 6 millions des personnes sont mortes des effets dévastateurs de cette guerre et de ses conséquences.

Si on veut vraiment la paix, il faut mettre fin à l’hypocrisie et à la gloutonnerie des multinationale.



Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU,
Monsieur le représentant de l’action de paix internationale,
Madame la chef de division du département d’information publique de l’ONU,
Messieurs, mesdames les délégués (es) des différentes organisations non gouvernementales,
Différents membres des corps diplomatiques, représentants des chefs des États et des gouvernements,
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
Distingués (es) invités (es).


Lorsqu’une femme est violée à répétition par 4, 5, 6, 7 personnes, vous conviendrez avec moi que les violeurs ne le font pas pour assouvir un désir sexuel. En outre, pour l’humilier, la femme est violée en public devant la famille, les enfants et les voisins. Enfin, le viol est utilisé comme arme de guerre en vue de dépeupler le grand Congo : après avoir été violée, la femme est obligée d’écarter ses jambes pour subir des mutilations des organes génitaux. Cette abominable stratégie de détruire toute une communauté, entraîne la destruction non seulement de la femme sur le plan physique et psychologique, mais celle de toute la famille et de la société. Une femme violée est abandonnée par son époux, sa famille et sa communauté. Plus personne ne veut d’elle car on pense qu’elle a été contaminée par le VIH.

En RDC, il est devenu très dangereux de naitre une fille de peur d’être une femme et se retrouver à l’Est du pays un jour car, il n’est pas rare qu’un couteau, des morceaux de bois, de verre, des clous rouillés, ou du sable soient introduits dans les vagins. Souvent, ce sont des fusils qui sont introduits tandis qu’elles reçoivent un coup de feu dans les parties génitales.

Par ailleurs, la femme violée et mutilée, est incapable de contrôler ses urines et ses matières fécales. Elle dégage alors une odeur nauséabonde et insupportable. Non seulement elle est abandonnée, mais elle est poussée et rejetée par sa communauté.
Les violeurs sèment terreur et désolation par tout où ils sont et où ils passent. Ils ont comme armes fusils, machettes, hou... .
Le viol est leur plus grande arme à travers la quelle les populations sont obliger à leurs céder leurs terres. Une stratégie à pouvoir déstabiliser les communautés pour ainsi les obliger à fuir et à se refugier ailleurs.
Ils engrossent les unes pour perpétuer leur race, ils contaminent les autres avec le VIH/SIDA dans l’objectif d’exterminer les peuples, ils occupent les champs des paysannes et rendent l’activité champêtre presque inexistante avec comme conséquence la plus grande pauvreté des populations. Ils enlèvent les femmes et les vendent ailleurs pour déstabiliser les familles.

Ceci n’est qu’un aperçu du calvaire que vivent les filles et les femmes à l’EST du Congo.
Qu’ont-elles fait pour mériter ces tristes sorts ? Le seul crime que ces filles et femmes ont commis, c’est d’être né dans un pays riche et dont elles ne jouissent même pas de ces richesses.

Qu’adviendra-t-il de ces enfants qui ont vu leur mère subir de tels abus et leur père assassiné atrocement ? Pensons-nous à encadrer aujourd’hui ces enfants pour qu’ils ne deviennent pas, demain, des marginaux ?

L’impunité dont jouissent les violeurs est telle que les femmes victimes des viols ne peuvent pas se plaindre car non seulement elles craignent les représailles mais aussi personne ni institution ne viendra jamais à leurs rescousses. Étant obligées de se taire et sans aucune ressource, elles sont candidates à la prostitution dans les villages avoisinants.

Monsieur le Secrétaire Général,

La république démocratique du Congo est une écurie des vautours, le Zimbabwe, l’Angola, la Namibie, le Soudan, la Libye, la République Centrafricaine et le Tchad sont au Congo au nom du gouvernement. Du côté des envahisseurs il y a le Ruanda, l’Uganda le Burundi sans compter leurs innombrables acolytes. Une guerre étrange, combattue plus par des alliés étrangers que par l’armée gouvernementale.

En outre, les éléments de la Mission de l’ONU au Congo (MONUC) qui sont chargés de maintenir la paix, malheureusement, le grand nombre d’entre eux sont comptés parmi les violeurs des filles et des femmes en République démocratique du Congo.

Avant la guerre, les femmes étaient le centre de la maisonnée. Ces attaques ciblées sont donc stratégiques. Ceux qui attaquent les femmes, savent que c’est le tissu social du Congo qui est détruit. Malgré le niveau de violences, le plus élevé dans ce monde, il n’y a toujours pas de réponse appropriée pour protéger les femmes et les filles de la République démocratique du Congo.
De tous les crimes commis, les crimes sexuels comptent parmi les plus atroces, particulièrement lorsqu’ils se déroulent en temps de guerre. L’horreur est poussée alors jusqu’à transformer les corps en cibles, en objectifs de guerre. N’étant pas des cas isolés, ces atrocités commis à l’endroit des filles et femmes, laissent penser que des ordres ont été donnés dans ce sens par la hiérarchie militaire, et revêtent alors d’une dimension toute autre, atteignant ainsi la qualification de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité.
La banalisation de ces exactions, qui fait écho à l’impunité dont ont pu bénéficier leurs auteurs, a en effet eu des conséquences désastreuses au niveau de la société, où le viol est devenu un comportement courant.
Dans la poursuite des auteurs de viols, les juridictions nationales ont partout montré leurs défaillances, qu’il s’agisse d’hommes en armes ou de civils. Que ce soit dans les conditions d’acceptation des plaintes, dans le traitement judiciaire qui en découle, ou bien encore dans le suivi des rares condamnations obtenues : rien ne semble être prévu pour venir en aide aux victimes.
Bien que deux lois aient été adoptées contre les violences sexuelles, elles ne sont pratiquement pas appliquées.
Lorsque ces violences sexuelles sont assimilées aux crimes les plus graves, et lorsque les juridictions nationales sont jugées à ce point défaillant, la Cour pénale internationale (CPI) est censée alors prendre le relais. Mais le procureur de la CPI, s’il a su obtenir l’extradition de Thomas Lubanga et Jean Pierre Bemba, pourquoi ne pas obtenir pour ces criminels sexuels ?
Physiquement, moralement, ces victimes de crimes sexuels, ne retrouveront la sérénité qu’avec une force intérieure immense. Pour nombre d’entre elles, la seule solution pour survivre est de rechercher la justice. C’est pourquoi je me bats comme un fauve blessé, je m’organise tant mieux que mal, je témoigne (devenu évangéliste de la mauvaise nouvelle), je continue à faire pression auprès des autorités de la République Démocratique du Congo afin que ces femmes violées obtiennent justice et indemnisation.
Nous devons rendre hommage à toutes ces femmes, ainsi qu’à toutes les ONG de terrain qui les soutiennent et se battent pour que ces exactions soient connues et jugées. Toutes ces militantes qui viennent également en soutien à ces victimes traumatisées et blessées, touchées par le VIH et autres MST, ou qui travaillent encore auprès des populations pour les sensibiliser à l’horreur de ces crimes.
Vous devez les soutenir, vous aussi, et c’est à cette fin que je lance aujourd’hui cet appel à la mobilisation générale de la communauté internationale pour l’éradication des crimes sexuels en République Démocratique du Congo.

Monsieur le secrétaire général,
Distingués invités,
En ce qui concerne la République démocratique du Congo, il faut tout simplement chercher à instaurer un système judiciaire indépendant au pouvoir, un système judiciaire ayant la maitrise d’agir sur tous les congolais et les étrangers, les militaires et civils, les agents de la MONUC et autres rebelles ayant commis ces crimes.

Que cette année soit, enfin, celle de la justice, et donc de la paix retrouvée pour toutes les filles et les femmes de la république démocratique du Congo.



Je vous remercie,




Ainsi prononcé à Mexico city (Mexique), le 09 Septembre 2009.
Discours prononcé à 18 heures 5 minutes (heure de EST de la RDC).


Isidore Kashiba,
Spécialiste en Études et Droits Internationaux des femmes,
Défenseur des droits des femmes.
Président Directeur du Monde Solidarité pour Afrique
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